FEMMES ET SOCIETE : UNE PLURALITE DE REGARDS CLINIQUES
Cette rubrique réunit les contributions de quelques cliniciens qui interrogent, chacun à leur manière, la place de la femme dans la société contemporaine. Leurs analyses croisent divers thèmes.
FEMMES ET SOCIETE : UNE PLURALITE DE REGARDS CLINIQUES
Cette rubrique réunit les contributions de quelques cliniciens qui interrogent, chacun à leur manière, la place de la femme dans la société contemporaine. Leurs analyses croisent divers thèmes.
"𝗢𝗻 𝗻'𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗳𝗼𝗿𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗮 𝗳𝗲𝗺𝗺𝗲 𝗾𝘂'à 𝗰𝗼𝗻𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱'ê𝘁𝗿𝗲 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗳𝗲𝗺𝗺𝗲 𝗾𝘂'𝗲𝗹𝗹𝗲", 𝗱é𝗰𝗹𝗮𝗿𝗲 𝗖𝗹𝗮𝘂𝗱𝗲 𝗟𝗮𝗿𝗰𝗵𝗲𝗿.
Selon le dictionnaire Larousse, la femme est simplement définie comme un être humain de genre féminin.
Dans les temps anciens, la femme était principalement dévouée à son foyer et à son mari. Gardienne des valeurs sociétales, elle incarnait la douceur et la sagesse. Bien que souvent réduite au rôle de mère et de femme au foyer, elle jouait un rôle essentiel dans la société. Proche de ses enfants, elle constituait un rempart solide dans leur éducation et contribuait au développement social et économique de sa communauté. Cependant, face à la montée du modernisme, la femme semble-t-elle perdre de vue les valeurs sociétales traditionnelles ?
Les sociétés actuelles sont marquées par une structure hybride, mêlant cultures occidentales et valeurs africaines. En l'absence d'un cadre approprié pour gérer cette acculturation, elles ont créé un environnement culturel hétérogène, où les traditions sont souvent étouffées. Les principales victimes de cette situation sont, pour la plupart, des femmes.
Dans les cultures africaines traditionnelles, la femme était souvent confinée à un rôle domestique, s'occupant de sa famille et élevant ses enfants. Ignorantes de leurs droits et libertés, beaucoup de femmes acceptaient passivement leur condition. Cette situation se perpétuait de génération en génération, les femmes étant soumises d'abord à leurs parents, puis à leur mari.
Avec l'avènement du modernisme et la création d'institutions militantes pour la défense des droits des femmes, celles-ci ont commencé à prendre conscience de leurs droits. Inspirées par l'esprit d'égalité consacré par les textes juridiques, elles revendiquent désormais les mêmes droits que les hommes. Grâce à l'engagement de certaines femmes, la journée du 8 mars a été instituée pour réfléchir aux conditions de vie des femmes, à leurs droits et à la prise en compte de leurs opinions. Grâce à ces luttes, de nombreuses femmes sont aujourd'hui indépendantes, déterminées, courageuses et ambitieuses, et accèdent à de grandes opportunités.
Cependant, malgré ces avancées, certaines femmes refusent de s'épanouir pleinement au nom de la préservation des traditions, considérant le modernisme comme une menace pour celles-ci. Par ailleurs, dans une démarche d'occidentalisation culturelle mal maîtrisée, certaines femmes négligent les valeurs sociétales fondamentales, telles que le respect, l'humanisme et la solidarité, pourtant chères aux sociétés africaines.
Dès lors, une question cruciale se pose : quel équilibre faut-il trouver entre traditions et modernisme ?
La prise de conscience des femmes est une avancée remarquable qu'il faut saluer. Cependant, tout en jouissant de leurs droits et en connaissant leurs limites, les femmes doivent chercher à concilier traditions et valeurs modernes, qui, au fond, poursuivent un objectif commun : une vie communautaire harmonieuse et pacifique.
En conclusion, si les traditions sont riches et indispensables pour préserver notre identité et notre civilisation, la modernité est tout aussi essentielle pour permettre à notre société de s'adapter à son époque. Chaque femme doit trouver un équilibre entre ses valeurs traditionnelles et le modernisme. Autrement dit, elle peut jouir de ses droits et libertés tout en restant dévouée à son foyer et à son mari, car être une femme est une tâche exigeante : c'est être la gardienne de la société.
On pourrait même dire que le terme "Femme" devrait être synonyme de force, compte tenu de l'immensité des responsabilités qu'elle assume au quotidien
Les questions de droits de l'Homme ont une profonde essence en raison de leur historicité et de leur enracinement dans nos sociétés. Si les questions de droits de l'Homme (prises dans le sens sui generis) ont une origine ancienne, celles liées aux conditions de vie ont pris une résonance remarquable avec l'élévation des voix qui ont plaidé pour de meilleures conditions de vie des femmes.
Cependant, malgré une lutte constante contre la répartition inégale des tâches sociales, les stéréotypes de genre influencent la perception des femmes et leur accès équitable aux opportunités auxquelles elles aspirent.
Les stéréotypes de genre, comprenant des idées préconçues sur les rôles et les compétences des hommes et des femmes, limitent l'accès des femmes aux opportunités. Ces stéréotypes orientent les filles vers des études et des professions moins lucratives, les freinent dans leur progression de carrière (plafond de verre), entraînent des inégalités de chance sans évaluer leurs capacités à accomplir des tâches plus lourdes, et entravent leur participation à la vie active.
Ces inégalités de chance et d'opportunités freinent non seulement le développement humain des femmes, mais réduisent leur rôle à celui de figurantes dans une société en pleine expansion, où chaque individu est appelé à jouer le rôle qu’il lui faut pour son épanouissement. Ces stéréotypes assignent souvent aux femmes la responsabilité des tâches domestiques et de l’éducation des enfants, créant une double charge de travail qui freine leur épanouissement personnel et professionnel. C’est dans ce sillage que Ruth Bader Ginsburg, avocate américaine engagée pour les causes des femmes, affirme : « Je ne réclame aucune faveur pour les femmes, tout ce que je demande à nos frères, c’est qu’ils retirent leur pied de notre nuque. » Cette ferveur témoigne de l'immensité de la volonté des femmes de s'affirmer dans une société dominée par une répartition des tâches sur des bases moins égalitaires.
La femme est un être doté des facultés intellectuelles au même titre que les hommes, parfois même davantage. Mais les stéréotypes de genre placent ces femmes dans une posture moins avantageuse que celle des hommes.
𝗟’𝗔𝗖𝗖𝗘𝗦 𝗗𝗘𝗦 𝗙𝗘𝗠𝗠𝗘𝗦 𝗔 𝗟𝗔 𝗝𝗨𝗦𝗧𝗜𝗖𝗘 𝗔𝗨 𝗧𝗖𝗛𝗔𝗗
A l’occasion du mois dédié à la Femme, il est crucial de porter notre attention sur l’un des piliers fondamentaux de l’égalité : l’accès à la justice. Au Tchad, comme dans de nombreux pays, les femmes font face à des obstacles spécifiques lorsqu’il s’agit de faire valoir leurs droits devant les instances judiciaires.
Le système juridique tchadien se caractérise par une coexistence entre le droit moderne et le droit coutumier. Cette dualité crée souvent une situation complexe pour les femmes. D’un côté, la Constitution et les lois nationales garantissent l’égalité des sexes. De l’autre, certaines pratiques coutumières continuent de perpétuer des discriminations, notamment en matière d’héritage, de mariage ou de propriété foncière, freinant ainsi le plein épanouissement des femmes, surtout dans les zones rurales.
Quelques facteurs qui limitent l’accès des femmes tchadiennes à la justice :
- 𝑳𝒆𝒔 𝒃𝒂𝒓𝒓𝒊è𝒓𝒆𝒔 é𝒄𝒐𝒏𝒐𝒎𝒊𝒒𝒖𝒆𝒔 : Les coûts de déplacement et la perte de revenus durant les procédures judiciaires représentent des obstacles considérables pour de nombreuses femmes, particulièrement en milieu rural.
- 𝑳𝒆 𝒎𝒂𝒏𝒒𝒖𝒆 𝒅’𝒊𝒏𝒇𝒐𝒓𝒎𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔 : La méconnaissance des droits et des procédures judiciaires empêche beaucoup de femmes d’entamer des démarches légales pour faire valoir leurs droits.
- 𝑳𝒆𝒔 𝒑𝒓𝒆𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏𝒔 𝒔𝒐𝒄𝒊𝒂𝒍𝒆𝒔 𝒆𝒕 𝒇𝒂𝒎𝒊𝒍𝒊𝒂𝒍𝒆𝒔: Les femmes qui cherchent à faire valoir leurs droits peuvent faire face à l’ostracisme de leur communauté ou à des représailles sociales, telles que les stigmatisations.
L’accès des femmes tchadiennes à la justice ne peut progresser sans une approche holistique qui prenne en compte les dimensions sociales, économiques et culturelles. Il s’agit non seulement de réformer les textes, mais aussi de transformer les mentalités et de créer les conditions nécessaires pour améliorer les conditions de vie des femmes.
Ensemble, œuvrons pour une justice équitable et accessible à toutes. Car l’épanouissement des femmes est non seulement un droit fondamental, mais aussi un puissant levier de développement pour l’ensemble de la société tchadienne.
La femme est un pilier de la société africaine. De par son rôle de fille, sœur, épouse et mère, elle joue une fonction essentielle dans le développement social et la préservation des valeurs sociétales. Son influence s'est considérablement développée avec l'avènement des réseaux sociaux, qui ont permis aux femmes d'affirmer pleinement leurs positions, de défendre leurs causes, d'occuper les places qui leur reviennent et de devenir des partenaires à part entière des hommes qui reconnaissent leur valeur.
Cependant, l'usage des réseaux sociaux par les femmes - sujet qu'il est important d'aborder en ce mois dédié aux questions féminines - se révèle parfois à double tranchant. Certaines en font un outil pour développer leur potentiel intellectuel, économique ou environnemental ; d'autres l'utilisent à des fins purement lucratives, que ce soit dans le domaine des affaires ou par l'exposition de leur nudité, pratique considérée comme contraire à nos valeurs traditionnelles. Cette situation soulève une question cruciale : quel équilibre faut-il trouver entre liberté d'expression et respect des normes sociales ? Jusqu'où peut-on aller pour réussir ?
Les réseaux sociaux, conçus pour servir l'humanité, ont profondément transformé la communauté internationale, faisant du monde un véritable village planétaire. Des causes nobles qui autrefois peinaient à atteindre les décideurs peuvent aujourd'hui gagner en visibilité en un instant. Nombreux sont ceux qui ont su bâtir à travers ces plateformes de véritables empires commerciaux, créant des sources de revenus stables. C'est le cas des influenceuses, des entrepreneurs digitaux, des start-ups de formation et de nombreuses autres activités florissantes sur internet, y compris dans le domaine médical. Tels sont les bénéfices escomptés par les créateurs de ces plateformes.
Pourtant, il convient de souligner non seulement la vulnérabilité que ces outils numériques génèrent, mais surtout leur détournement par certains utilisateurs, particulièrement par certaines femmes - sujet d'actualité en ce mois consacré à la femme. Si certaines parviennent à gagner dignement leur vie grâce aux réseaux sociaux (pratique louable qu'il faut encourager), il est alarmant de constater qu'on ne peut parcourir ces plateformes dix minutes sans tomber sur des contenus montrant des femmes presque nues, cherchant à attirer l'attention au détriment des valeurs morales, véhiculant ainsi l'idée que le corps humain n'est plus digne de respect comme autrefois. Faut-il vraiment en arriver à l'exhibition de son intimité pour subsister ? Certaines en ont fait une activité quotidienne, dansant en sous-vêtements ou révélant des parties intimes dans le seul but d'augmenter leur audience.
A l'ère du tout-numérique où ces outils sont devenus indispensables, il apparaît crucial d'en réguler l'usage en instaurant des mécanismes de contrôle. Il ne s'agit pas ici de viser spécifiquement les femmes, mais de préserver la dignité humaine dans son ensemble, sachant que la femme incarne traditionnellement cette dignité et le respect de soi. Une réflexion particulièrement pertinente en ce mois consacré à la femme.